Jay Lalach
Associé
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Comme combustibles, l'hydrogène et le gaz naturel partagent certaines similitudes, notamment en ce qui a trait à leur polyvalence, à leur sécurité et à leur transport. De plus, l'hydrogène est le combustible dont la teneur en carbone est la plus faible au point d'utilisation. [1] À ce titre, on s'attend à ce qu'il joue un rôle important dans la transition mondiale vers une économie plus propre et plus verte, en contribuant à la diversification du bouquet énergétique et à l'atteinte des cibles de réduction des émissions. Sur cette base, l'hydrogène constitue un excellent carburant de remplacement dans un éventail d'applications, notamment pour le transport, la production d'électricité et le chauffage, qu'il s'agisse de production de chaleur industrielle ou de chauffage résidentiel et commercial.
Compte tenu de l'intérêt croissant que suscite l'hydrogène comme combustible, le mélange de l'hydrogène et du gaz naturel permet de stimuler la demande d'hydrogène tout en réduisant les émissions de carbone et en optimisant l'utilisation des infrastructures de distribution existantes pour répondre à l'expansion du marché de l'hydrogène. Le mélange hydrogène-gaz naturel peut être utilisé dans de nombreuses applications à la place du gaz naturel pur. À l'heure actuelle, des rapports de mélange comprenant jusqu'à 20 % d'hydrogène font l'objet de nombreux essais, et les répercussions sur les infrastructures et les appareils d'utilisation finale sont minimes.[2]
L'injection de quantités relativement faibles d'hydrogène dans les réseaux existants de pipelines pour le gaz naturel nécessiterait tout au plus des changements mineurs aux infrastructures de distribution de carburant et aux appareils d'utilisation finale, tout en stimulant les technologies d'approvisionnement en hydrogène. Dans un premier temps, cela peut être réalisé sans engager de coûts d'investissement élevés et sans les risques associés à la mise en place d'infrastructures spécialisées de transport et de distribution de l'hydrogène.[3] Quelques avantages du mélange hydrogène-gaz naturel :
Certes, le mélange d'hydrogène comporte de nombreux avantages, mais apporte également son lot de défis, notamment :
À l'heure actuelle, le coût de production d'hydrogène bleu ou vert demeure élevé par rapport aux autres combustibles. Dans ce contexte, l'ajout d'hydrogène au gaz naturel, même en faible quantité, doit faire l'objet d'un soutien stratégique afin de stimuler la demande des fournisseurs de gaz et d'encourager la production d'équipement compatible avec l'hydrogène et l'utilisation des infrastructures déjà adaptées à l'hydrogène. Encadrer la production d'hydrogène au moyen d'incitatifs et de quotas, en établissant certaines exigences quant à la teneur en hydrogène du mélange et en fixant des cibles de réduction d'émissions, comme dans le cas de la production d'électricité renouvelable, pourrait encourager l'adoption du mélange hydrogène-gaz naturel, créant une offre et une demande fiables pour l'hydrogène.[11]
En juillet 2020, ATCO a annoncé son intention de faire avancer un projet de mélange d'hydrogène près de Fort Saskatchewan, le plus important en son genre au Canada, utilisant de l'hydrogène provenant de gaz naturel produit au Canada. Il est prévu que l'installation injectera jusqu'à 5 % d'hydrogène par volume dans un tronçon du réseau de distribution de gaz naturel résidentiel de Fort Saskatchewan, ce qui réduira l'intensité carbonique du flux de gaz naturel pour ses clients. De plus, ATCO a l'intention d'utiliser l'infrastructure actuelle de captage et de séquestration du carbone de l'Alberta pour stocker les émissions attribuables au procédé de production. Pour ce projet, ATCO a reçu 2,8 millions de dollars d'Emission Reductions Alberta (ERA) dans le cadre du Natural Gas Challenge.[12]
Après avoir obtenu l'approbation réglementaire de la Commission de l'énergie de l'Ontario pour la construction d'installations, Enbridge Gas et Cummins ont annoncé en novembre 2020 un projet pilote de 5,2 millions de dollars dans le cadre duquel de l'hydrogène renouvelable sera injecté dans une boucle séparée du réseau de distribution de gaz naturel actuel d'Enbridge Gas. Le projet permettra à Enbridge Gas d'étudier l'utilisation de l'hydrogène pour décarboniser le gaz naturel et ainsi réduire les émissions de gaz à effet de serre. Cette installation de mélange d'hydrogène et de gaz naturel sera construite à proximité de l'installation existante de conversion de l'électricité en gaz (power-to-gaz ou P2G) par électrolyse située à Markham et construite en 2018 avec le soutien financier du gouvernement du Canada. Cette installation de P2G a été établie aux termes d'un contrat avec la Société indépendante d'exploitation du réseau d'électricité (SIERE) de l'Ontario afin que cette dernière contribue à élaborer des normes visant à équilibrer l'offre et la demande d'électricité en convertissant l'excédent d'électricité en hydrogène. L'hydrogène est stocké pour être reconverti en électricité au moyen de piles à combustible à hydrogène en fonction des besoins du réseau ou mélangé au flux de gaz naturel existant lorsque possible.[13]
En novembre 2020, FortisBC a annoncé un investissement de 500 000 $ pour explorer la possibilité de distribuer de l'hydrogène par l'entremise de son réseau de distribution. Réalisée en partenariat avec l'Université de la Colombie-Britannique, l'étude portera principalement sur le mélange d'hydrogène, les effets potentiels de l'hydrogène sur les infrastructures et la détermination des mélanges et des concentrations pouvant être transportés de manière sécuritaire par le réseau de FortisBC. [14]
En février 2021, Evolugen et Gazifère (filiales d'Énergie Brookfield et d'Enbridge Gas, respectivement) ont annoncé leur intention de construire l'un des plus grands projets canadiens d'injection d'hydrogène vert. Les entreprises comptent bâtir et exploiter une usine de production d'hydrogène par électrolyse de l'eau à proximité des centrales hydroélectriques d'Evolugen situées à Gatineau. Les centrales hydroélectriques alimenteront l'électrolyseur, qui produira de l'hydrogène vert qui sera ensuite injecté dans le réseau de distribution de gaz naturel de Gazifère. On estime que le projet produira environ 425 000 GJ d'hydrogène vert, ce qui devrait se traduire par une réduction des GES d'environ 15 000 tonnes métriques par année.
Pour conclure, bien que jusqu'à présent les efforts aient été concentrés principalement sur les technologies fondées sur l'hydrogène exclusivement (comme les piles à combustible et les véhicules à zéro émission), les exemples ci-dessus révèlent que le mélange d'hydrogène et de gaz naturel ainsi que son transport au moyen des infrastructures existantes de distribution de gaz pourraient constituer un jalon important du développement et de la croissance d'une économie de l'hydrogène.
[1] Stratégie canadienne pour l'hydrogène, p. X
[2] Stratégie canadienne pour l'hydrogène, p. 49
[3] The Future of Hydrogen, p. 182-183
[4] The Future of Hydrogen, p. 183
[5] Stratégie canadienne pour l'hydrogène, p. 49
[6] The Future of Hydrogen, p. 71
[7] The Future of Hydrogen, p. 184
[8] Stratégie canadienne pour l'hydrogène, p. 75
[9] Stratégie canadienne pour l'hydrogène, p. 73
[10] The Future of Hydrogen, p. 70
[11] The Future of Hydrogen, p. 184-185
[12] https://www.atco.com/en-ca/about-us/news/2020/122900-atco-to-build-alberta-s-first-hydrogen-blending-project-with-era.html
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