Antoine Guilmain
Associé
Co-chef, Groupe national Cybersécurité et protection des données
Article
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Article mis à jour le 14 décembre 2022
Le 22 septembre 2022 a été une date marquante pour le droit de la protection des renseignements personnels au Québec : la première série de dispositions de la Loi 25, la Loi modernisant des dispositions législatives en matière de protection des renseignements personnels (la « Loi »), est entrée en vigueur. Le Règlement sur les incidents de confidentialité (le « Règlement »), lequel vise à clarifier les obligations des organisations quant à la tenue de registres en vertu de la Loi 25, est aussi venu s'ajouter à ces dispositions. Le Règlement, qui avait été proposé au mois de juin 2022, a été adopté en date du 30 novembre 2022 sans modification importante[1]. Il entrera officiellement en vigueur à partir du 29 décembre 2022.
Dans cette optique, le présent article vise un double objectif. Tout d'abord, il met en évidence la première série de changements en matière de gestion des incidents de confidentialité imposés par la Loi 25. Dans un deuxième temps, il résume les exigences de divulgation et de tenue de registres aux termes du Règlement.
L'article 3.6 de la Loi définit un « incident de confidentialité » comme tout accès, utilisation ou communication non autorisés d'un renseignement personnel, la perte d'un renseignement personnel ou tout autre atteinte à la protection d'un tel renseignement.
Si un incident de confidentialité présente un « risque de préjudice sérieux », l'organisation est tenue de prendre des mesures raisonnables pour réduire les risques de préjudice et éviter que des incidents de même nature se reproduisent, notamment en avisant rapidement la Commission d'accès à l'information du Québec (CAI) ainsi que tous les individus concernés par l'incident. La sensibilité du renseignement concerné, les conséquences appréhendées de son utilisation et la probabilité qu'il soit utilisé à des fins préjudiciables sont des facteurs à considérer pour déterminer si un incident présente un tel risque. Ce concept s'apparente à la notion d'atteinte aux « mesures de sécurité » dont il est question dans la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques (LPRPDE); toutefois, la LPRPDE insiste davantage sur la probabilité de préjudice plutôt que sur le préjudice lui-même.
Le Règlement définit les exigences relatives aux avis et rapports individuels destinés à la CAI et précise les informations que les organisations doivent conserver dans leur registre d'incidents.
Quand : Aux termes du Règlement, si une organisation qui détient des renseignements personnels a des motifs de croire qu'un incident de confidentialité s'est produit, celle-ci doit aviser la CAI par écrit avec diligence.
Contenu : L'avis écrit doit contenir les informations suivantes :
Quand : Le Règlement stipule aussi qu'un organisme doit aviser « avec diligence » toutes les personnes dont les renseignements personnels ont été touchés par un incident de confidentialité. Cet avis doit être envoyé directement à la personne concernée à moins qu'un tel avis ne lui cause un préjudice additionnel ou ne nuise à l'organisme et/ou si l'organisme ne possède pas les coordonnées de la personne. Le cas échéant, l'organisme peut aviser les personnes concernées au moyen d'un avis public.
Contenu : Comme c'est le cas pour l'avis écrit à la CAI, l'avis écrit aux personnes concernées doit contenir les éléments suivants :
Mesures à prendre : La Loi 25 oblige les organisations à tenir un registre des incidents de confidentialité, peu importe si un tel accident requiert ou non l'envoi d'un avis à la CAI et/ou à toute personne dont les renseignements personnels ont été compromis. Bien que la Loi ne précise pas un format particulier pour le registre, il reste que ce dernier doit être exhaustif, car les organisations sont tenues d'en envoyer une copie à la CAI sur demande.
Durée : Les organisations sont tenues de conserver un registre des incidents de confidentialité pour une période de cinq ans suivant la date ou la période au cours de laquelle l'entreprise s'est rendue compte de l'incident.
Contenu : À l'instar du contenu des avis susmentionnés, le registre doit comporter :
Se conformer à la nouvelle Loi 25 du Québec peut s'avérer un processus long et compliqué, car elle impose un certain nombre d'obligations onéreuses aux organisations, tant publiques que privées. Nous sommes à votre disposition pour examiner vos pratiques et vous accompagner à cet égard, notamment pour revoir la structure organisationnelle de prévention, de gestion et de réponse aux incidents, et pour effectuer la révision de vos politiques de sécurité et de votre plan de réponse aux incidents, des contrats avec les fournisseurs de service ainsi que de vos programmes de formation en matière de cybersécurité. En cas de cyberattaque, notre équipe d'avocats spécialisés en cybersécurité peut aussi vous conseiller sur les obligations de signalement, les questions d'assurance, la responsabilité potentielle en cas de recours collectif, et la gestion des enquêtes.
[1] La seule modification se trouve à l’article 3 (10⁰) du Règlement, où le mot « délai » a été remplacé par l’expression « la date ou la période ».
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