Le gouvernement chinois déploie des efforts considérables afin de maintenir une croissance économique stable tout en promouvant son influence à l’échelle internationale, à la fois en réduisant les taxes d’importation, en relâchant les contraintes imposées aux particuliers qui font des investissements à l’étranger, et en établissant des banques de compensation en renminbis (« RMB ») à l’étranger. Pour sa part, le gouvernement canadien s’efforce d’améliorer la relation de coopération économique qu’il entretient depuis longtemps avec la Chine, notamment en ouvrant le premier centre de compensation en RMB en Amérique, soit à Toronto, et en approuvant le tant attendu vol direct entre Montréal et Beijing. L’introduction de ces changements par les deux pays signifie le début d’une nouvelle ère en ce qui concerne les relations d’affaires bilatérales entre le Canada et la Chine.

Réduction des taxes d’importation

Le ministère des Finances du Conseil des affaires de l'État chinois a annoncé, le 21 mai 2015, que la Chine allait réduire les taxes d’importation s’appliquant à certains biens de consommation, y compris les produits pour le soin de la peau, les vêtements de fourrure, les complets, les chaussures, et les couches. En moyenne, les taxes d’importation seront diminuées de cinquante pour cent. Plus précisément, les droits applicables aux produits pour le soin de la peau passeront de 5 à 2 pour cent, et ceux s’appliquant aux vêtements de fourrure passeront de 23 à 10 pour cent. L’objectif de cette nouvelle politique est d’appuyer la consommation intérieure de la Chine et de faire progresser la croissance économique, laquelle accuse un ralentissement. La politique est entrée en vigueur le 1er juin 2015.

Durant la dernière décennie, de plus en plus d’habitants de la Chine se sont rendus à l’étranger, ou ont eu recours à des agents de magasinage mandataires afin de s’assurer de la sécurité et de la qualité de leurs biens de consommation et surtout, en vue d’éviter les lourdes taxes d’importation auxquelles ceux-ci étaient alors assujettis. Bien qu’on ne connaisse pas encore l’incidence globale qu’aura cette nouvelle politique, il ne fait aucun doute que la réduction des taxes d’importation constituera un avantage pour les habitants de la Chine continentale. Ces derniers disposent à la fois d’un fort pouvoir d’achat et d’une volonté d’accéder à des biens de consommation, mais sont par contre trop éloignés des marchés moins chers, comme ceux de la Corée et du Japon. De plus, la réduction de la taxe d’importation aura vraisemblablement l’effet d’attirer un plus grand nombre de grossistes étrangers et de marques mondiales vers l’ensemble de la Chine.

Réduction des limites imposées aux particuliers faisant des investissements à l'étranger

En ce qui a trait aux investissements à l’étranger, la Chine prend également des mesures en vue de relâcher les limites imposées aux particuliers à cet égard. Le vice-président de la People’s Bank of China a annoncé en mars 2015 qu’une étude est actuellement en cours afin d’évaluer les avantages et les désavantages d’assouplir encore les règles visant la gestion des capitaux. Un tel relâchement augmenterait radicalement l’incidence de l’actuel Qualified Domestic Individual Investor Program, lequel a été établi en 2007 et précise que les gestionnaires d’actifs chinois autorisés doivent se restreindre à un quota fixe pour la vente d’actions et d’obligations en Chine. Le nouveau plan permettra aux particuliers chinois d’acheter des actions, des obligations, des fonds communs de placement, des assurances et de l’immobilier directement, au lieu d’avoir à restreindre leur choix aux fonds communs de placement étrangers approuvés par le gouvernement.

Ce nouveau plan permettra également à la Chine de progresser vers son objectif d’obtenir le statut officiel de monnaie de réserve pour le RMB, en permettant au pays de satisfaire aux exigences du Fonds monétaire international, particulièrement à celle voulant qu’une monnaie soit « librement utilisable1 ». Il est attendu que le gouvernement chinois finalise ce nouveau plan prochainement. Si le plan réussit, on estime que la Chine disposera d’une somme allant jusqu’à 41 trillions RMB pour les investissements à l’étranger2. Ce montant, ajouté au quota d’investissement de 50 milliards RMB accordé au Canada par le gouvernement chinois dans le cadre du Renmibi Qualified Foreign Institutional Investor Program3, représente un potentiel énorme quant aux opportunités s’offrant aux entreprises canadiennes à la recherche de capitaux.

Premier centre de compensation en RMB en Amérique du Nord      

Le 23 mars 2015, le ministre des Finances du Canada et l’ambassadeur de Chine au Canada ont inauguré la toute première plateforme de transactions en renminbis de l'hémisphère occidental, appelée l’ICBK4. Dans le cadre de l’ICBK, deux équipes de compensation en RMB ont été établies à Toronto et à Vancouver respectivement. Cette division des centres de l’ICBK a été conçue afin de maximiser l’avantage des différents fuseaux horaires et d’assurer un accès constant aux services de compensation en RMB après la clôture des transactions à Beijing et à Singapour.

Le lancement de centres de compensation en RMB au Canada vient renforcer les relations d’affaires entre les deux pays. Fait encore plus important, il permet d’effectuer une conversion directe entre le dollar canadien et le RMB chinois sans qu’il soit nécessaire d’utiliser une devise  intermédiaire (habituellement le dollar américain). Par conséquent, le coût des transactions réalisées entre les entreprises des deux pays sera réduit et le processus sera plus transparent. En outre, étant le site du premier centre de compensation en RMB du continent américain, le Canada rehausse l’attrait qu’il présente aux yeux des entreprises se situant dans d’autres pays occidentaux et réalisant des transactions d’affaires principalement axées sur le RMB.

Vol direct entre Montréal et Beijing

Le tant attendu vol direct entre Montréal et Beijing est maintenant chose officielle. Bien que le vol entre les deux villes ait d’abord été suggéré par le premier ministre du Québec lors de sa mission commerciale en Chine en octobre dernier, ce n’est qu’en date du 28 mai 2015 qu’Air Canada et Air China ont conjointement annoncé le lancement de ce service sans escale. La première liaison transpacifique directe entre Montréal et Beijing sera offerte à compter du 29 septembre 2015. Ce vol direct permettra des correspondances pratiques et sans tracas pour les clients, et naturellement, une multiplication des occasions d’affaires, particulièrement pour les industries du tourisme et du service.

Pour conclure, la vaste et dynamique coopération d’affaires entre le Canada et la Chine sera propulsée vers un niveau supérieur, grâce notamment à la réduction des tarifs imposés par la Chine, au relâchement prochain des politiques visant les investissements réalisés par des particuliers de ce pays, à la facilité remarquable des échanges monétaires ainsi qu’à la commodité offerte sur le plan du transport.


1 Fonds monétaire international, Droits de tirage spéciaux (DTS), en ligne (dernière visite : 3 juin 2015)

2 Financial times, China to allow individuals buy overseas financial assets, en ligne (dernière visite : 3 juin 2015)

3 Bloomberg, China Awards $8.2 Billion RQFII Quota, Swap Deal to Canada, en ligne (dernière visite: 12 juin 2015)

4 Industrial and Commercial Bank of China (Canada), Inauguration of Canadian RMB Clearing Bank and Trading Hub, en ligne (dernière visite : 12 juin 2015); voir aussi : Centre for International Governance Innovation, North American 1st RMB clearing bank launched in Canada, en ligne (dernière visite : 3 juin 2015)