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Le cannabis et la technologie blockchain : inconciliables ou match parfait?
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Marché noir. Web invisible. Illicite. Marché clandestin. Illégitime. Illégal. Crime organisé. Tout autant de mots qui jusqu’au 17 octobre 2018 étaient associés à l’industrie illégale du cannabis. Dès qu’il est devenu légal d’acheter, de posséder et d’utiliser du cannabis à des fins récréatives, la discussion qui se tenait à voix basse quant à son utilisation ou à la manière de s’en procurer peut maintenant se tenir en public en toute impunité. Le public est-il cependant vraiment prêt à accepter une substance perçue comme illégale et « néfaste » pendant si longtemps? Si l’on se fie à l’expérience américaine, la réponse est « oui ».
Selon la banque d’investissement Cowen & Co., on prévoit que l’industrie du cannabis générera des ventes d’environ 75 G$ US d’ici 2030, une hausse de 6 G$ US par rapport à 2016, alors que cette drogue devient de plus en plus acceptable socialement. Actuellement aux États-Unis, le cannabis est illégal au niveau fédéral, classé narcotique de l’Annexe 1, mais est légal dans 30 États à des fins médicinales, ainsi qu’à des fins récréatives pour les adultes de plus de 21 ans dans 9 États, de même qu’à Washington dans le district de Columbia.
Les points de vue de certains Canadiens sur le cannabis rappellent ceux entretenus sur l’alcool à l’époque de la Prohibition aux États-Unis. Par exemple, des mots d’argot étaient utilisés pour désigner l’alcool, tout comme les mots « herbe », « pot » et « mari » servent à désigner le cannabis. L’alcool était perçu comme une cause de déchéance morale et d’activité criminelle. Les chercheurs ont débattu la question de savoir si l’alcool avait causé une augmentation de l’activité criminelle pendant cette époque, de même que s’il y avait effectivement eu une augmentation de la criminalité ou seulement une perception d’augmentation de la criminalité. Certains opposants de la légalisation du cannabis croient que l’industrie du cannabis baigne dans le crime, puisque selon eux, le cannabis est une drogue d’introduction menant à l’usage de drogues illégales et à des activités illicites.
Comment l’industrie du cannabis peut-elle gagner en transparence et en légitimité? Alors que la législation et la réglementation sont en train de transformer une industrie illégale en industrie légale, la technologie de la chaîne de blocs pourrait s’avérer utile. Le système de suivi de Santé Canada est conçu pour faire le suivi du plant de son lieu de croissance à son lieu de vente, pour éviter que le cannabis légal soit redirigé vers le marché illégal. Bien que le système de suivi ne repose pas sur la technologie de la chaîne de blocs, il reste que cette dernière pourrait bien aider les entreprises de cannabis à se conformer aux exigences de déclaration prévues par la loi.
À l’instar du cannabis, l’industrie de la blockchain est aussi en butte aux préjugés, lesquels découlent souvent d’une incompréhension fondamentale de son fonctionnement, jumelée à un mélange de concepts et de terminologie comme chaîne de blocs, cryptomonnaie et bitcoin. En effet, les expressions comme cryptomonnaies et acheteurs anonymes sont souvent associées à des termes comme marchés du Web invisible et activités illicites. Il n’est donc pas surprenant de présumer qu’un partenariat entre le cannabis et le monde crypto pourrait s’avérer catastrophique pour un secteur en mal de plus de transparence. Ce raisonnement ne tient cependant pas la route et en voici l’explication simple : crypto ≠ chaîne de blocs ≠ bitcoin. Ce n’est pas parce que des personnes mal intentionnées se servent de la cryptomonnaie pour commettre de mauvaises actions que cette dernière est foncièrement mauvaise. Si c’était le cas, il nous faudrait conclure que l’argent aussi est intrinsèquement mauvais.
« Chaîne de blocs » est une expression générale pour désigner la technologie des registres distribués sur laquelle sont fondées les cryptomonnaies comme le populaire bitcoin (un type de cryptomonnaies parmi des centaines). Cette technologie est complètement légale, complètement légitime, et est même considérée comme l’une des plus importantes innovations technologiques de la dernière décennie. La technologie de la chaîne de blocs propose une nouvelle façon d’entreposer et d’enregistrer des données de manière à ce que leur exactitude soit constamment confirmée par toutes les parties prenantes, et les transactions se déroulent automatiquement et instantanément. En théorie, la grande valeur de la technologie de la chaîne de blocs réside dans la conception même de sa structure qui en fait un registre de transactions inaltérable, exact et pour ainsi dire inviolable.
Qu’est-ce que cela pourrait signifier pour le secteur du cannabis? Malgré l’avènement récent de la légalisation de la marijuana à des fins récréatives au Canada, il reste que de nombreuses institutions financières importantes refusent encore de toucher à l’industrie du cannabis, obligeant ainsi ses acteurs à recourir principalement à des transactions en espèces impossibles à retracer. Mais quoi de mieux que l’intégration de plateformes de paiement de la technologie blockchain pour garantir la sécurité et la transparence dans le secteur du cannabis? De plus, cette intégration dans le système de suivi de Santé Canada serait un moyen d’assurer l’exactitude en matière de divulgation. L’industrie du cannabis et le secteur de la chaîne de blocs recherchent la sécurité, la clarté et la légitimité dans une ère où les exigences du marché connaissent une croissance fulgurante alors que les lois et réglementation peinent à suivre la cadence. Un partenariat entre ces deux industries pourrait constituer un pas dans la bonne direction.
Article coécrit par Alanna Robinson.
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