Structures d’entreprise
Constituer une société distincte en territoire émirien
La société à responsabilité limitée est le véhicule juridique le plus prisé par les investisseurs étrangers désireux d’établir une présence aux Émirats arabes unis. Une telle société compte entre deux et cinquante actionnaires, personnes physiques ou morales, communément appelés associés. Les exigences en matière d’apports en capital sont prescrites par la loi de l’émirat dans lequel la société est constituée. À l’heure actuelle, aucun plancher n’est fixé à cet égard, bien que la société doive disposer d’un capital adéquat pour mener les activités auxquelles elle se destine. La gestion d’une société à responsabilité limitée relève de ses administrateurs, aussi appelés gérants, qui ont chacun l’autorité nécessaire pour agir de manière indépendante dans l’exercice des fonctions qui leur sont dévolues. Ils peuvent former un conseil d’administration où les décisions entourant la gestion de la société seront prises collectivement. Cela dit, aux termes de la législation, certaines questions doivent impérativement être soumises aux actionnaires. Ce sont ces derniers qui délèguent aux administrateurs (ou au conseil d’administration, le cas échéant) leurs pouvoirs. Un directeur général doit également être nommé pour voir à la gestion des affaires courantes de la société. Il tire lui aussi son autorité d’une délégation de pouvoirs par les actionnaires (en marge de ceux confiés aux administrateurs ou au conseil). Les administrateurs et le directeur général sont redevables envers la société, ses actionnaires et les tiers en cas de fraude, d’abus de pouvoir, de contravention aux termes des lois régissant les sociétés, de non-respect des statuts constitutifs de la société ou de mauvaise gestion. Les droits économiques (participation aux bénéfices, aux pertes et aux distributions) peuvent être dissociés des droits juridiques (droit de vote, gestion, etc.). Une société à responsabilité limitée peut ester en justice en son propre nom. Sa responsabilité se limite à la valeur de ses actifs. La responsabilité de chaque actionnaire est limitée aux parts du capital social qu’il a souscrites.
Ouvrir une succursale locale ou établir un bureau de représentation
Toute société étrangère peut ouvrir une succursale aux Émirats arabes unis. La succursale n’est pas une entité juridique distincte, mais plutôt une extension de l’entreprise qui l’établit. Ainsi, lorsqu’elle mène des activités aux Émirats arabes unis, la succursale agit au nom de la société étrangère, qui est liée par l’ensemble des contrats passés aux Émirats arabes unis. Suivant la réforme du droit des sociétés, il n’est plus nécessaire de désigner un fondé de pouvoir local (qui agissait à titre de représentant à titre onéreux de la succursale sous l’ancien régime). En principe, la succursale peut être autorisée à exercer tout ou partie des activités que mène déjà la société qui l’a établie, pour peu que la loi applicable ne les réserve pas aux ressortissants émiriens. À Dubaï, c’est le ministère de l’Économie et du Tourisme qui voit à l’immatriculation des succursales et à l’octroi de leurs permis d’exercice, tandis qu’à Abu Dhabi, ces formalités relèvent plutôt du ministère du Développement économique. Pour établir le caractère acceptable des activités envisagées, l’autorité compétente examine les statuts constitutifs de la société étrangère afin de s’assurer que l’entreprise mènera ses affaires locales comme elle le fait ailleurs, et vérifie qu’elle est dûment habilitée à le faire. Aucun apport en capital n’est requis pour établir une succursale d’une société étrangère. Une société à responsabilité limitée constituée ailleurs au pays peut ouvrir des succursales dans les autres émirats. Les investisseurs étrangers procèdent souvent de la sorte. Par ailleurs, le droit des sociétés des Émirats arabes unis permet également aux sociétés étrangères d’établir un bureau de représentation. Le rôle d’un tel bureau se limite à faire valoir la société étrangère et à mener des campagnes promotionnelles. Il lui est formellement interdit de prendre part à des échanges commerciaux. Le bureau de représentation doit être parrainé par un ressortissant émirien aux termes d’une entente formelle.
Faire affaire en zone franche, soit en tant qu’entité distincte ou par le biais d’une succursale
Les zones franches des Émirats arabes unis sont conçues pour attirer les investissements étrangers au pays en encourageant les entreprises de partout dans le monde à s’y installer pour y faire affaire. Chaque zone franche dispose de son propre appareil administratif, incluant un organisme chargé de l’octroi des permis. On compte actuellement plus de 40 zones franches aux Émirats arabes unis, dont plusieurs visent un secteur en particulier. C’est le cas de la Dubai Technology and Media Free Zone (axée sur la technologie, les médias et l’Internet) ou du Dubai Design District (ou D3 – axé sur la mode, le design et l’art). Au contraire, certaines zones franches ne se cantonnent pas à un créneau précis, mais ciblent plutôt les entreprises d’une panoplie de secteurs. Les zones franches suivantes figurent parmi les plus importantes du pays :
- Marché mondial d’Abu Dhabi (Abu Dhabi Global Market ou ADGM)
- Centre financier international de Dubaï (Dubai International Financial Centre ou DIFC)
- Zone franche de Jebel Ali (Jebel Ali Free Zone ou Jafza)
- Zone franche de l’aéroport de Dubaï (Dubai Airport Free Zone ou DAFZ)
- Zone franche des marchandises de Dubaï (Dubai Multi Commodities Centre ou DMCC)
- Zone franche de Dubaï Sud (Dubai South Free Zone; autrefois connue sous Dubai World Central ou DWC)
Bien qu’il existe des distinctions mineures quant aux types d’entités autorisés d’un endroit à l’autre, les entreprises qui souhaitent faire affaire en zone franche ont généralement le choix entre y constituer une société à responsabilité limitée, y installer un établissement ou y ouvrir une succursale. Les principales différences entre ces trois options ont trait au nombre d’actionnaires et au capital social. Les actionnaires des sociétés et des établissements en zone franche bénéficient d’un plafonnement de leur responsabilité. Ces entités peuvent être détenues à 100 % par des investisseurs étrangers.
Les exigences en matière d’apports en capital diffèrent d’une zone franche à l’autre, mais, règle générale, un établissement ne comptera qu’un seul actionnaire, tandis qu’une société en aura au moins deux. La valeur minimale du capital social est fixée par l’autorité compétente de la zone franche en cause. Comme c’est le cas en droit interne sur le territoire émirien, la succursale établie en zone franche n’est qu’une extension de la société étrangère dont elle relève et ne forme pas une entité juridique distincte. Elle n’a donc pas de capital social. La société étrangère devra répondre de l’ensemble des actes posés par sa succursale et sera redevable des dettes que celle-ci a contractées.
La succursale établie en zone franche est autorisée à prendre part à des échanges commerciaux, dans la mesure où elle exerce des activités analogues à celles de la société dont elle relève. En principe, les sociétés à responsabilité limitée, les établissements et les succursales qui font affaire dans une zone franche doivent se cantonner au périmètre de celle-ci. La portée de cette règle fondamentale varie selon le type d’entité dont il s’agit, la nature des activités en cause et la zone franche où elles sont exercées. S’agissant de la distribution ou de la vente de biens, par exemple, l’entreprise faisant affaire dans une zone franche donnée ne sera pas autorisée à offrir ses produits au détail ni à mettre sur pied une salle d’exposition en territoire émirien ou dans toute autre zone franche du pays, à moins d’y être dûment établie. Cela dit, il lui sera généralement possible de contracter avec des entités des Émirats arabes unis en vue d’importer, d’entreposer ou de réexporter des biens, à condition d’obtenir un permis pour ce faire.
Centre financier international de Dubaï (Dubai International Financial Centre ou DIFC)
Le DIFC, qui existe depuis une vingtaine d’années, offre aux sociétés étrangères qui souhaitent faire affaire aux Émirats arabes unis et dans les pays voisins une plateforme bien rodée et reconnue à l’échelle internationale. Les entreprises qui s’y établissent peuvent prendre différentes formes juridiques :
- Société par actions à responsabilité limitée (ouverte ou fermée)
- Succursale ou bureau de représentation de la société étrangère
- Société prorogée sous le régime du DIFC (en provenance d’un autre ressort)
- Société de personnes à responsabilité limitée (y compris toute succursale établie par une telle société faisant déjà affaire à l’étranger)
- Entité ad hoc ou société de portefeuille
- Société en nom collectif (y compris toute succursale établie par une telle société faisant déjà affaire à l’étranger)
- Société en commandite (y compris toute succursale établie par une telle société faisant déjà affaire à l’étranger et toute société en commandite en provenance d’un autre ressort et prorogée sous le régime du DIFC)
- Organisme sans but lucratif constitué en société (y compris tout organisme en provenance d’un autre ressort et prorogé sous le régime du DIFC)
- Fondation (y compris toute succursale établie par une fondation déjà active à l’étranger et toute fondation en provenance d’un autre ressort et prorogée sous le régime du DIFC)
- Fonds ou société de placement (ouverte ou fermée)