Ian Macdonald
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Le 24 mars 2021, le ministre de l'Innovation, des Sciences et de l'Industrie du Canada a publié une mise à jour des Lignes directrices sur l'examen relatif à la sécurité nationale des investissements présentées en vertu de la Loi sur Investissement Canada. Ces lignes directrices expliquent l'approche du gouvernement quant à l'évaluation des risques pour la sécurité nationale que représentent les investissements étrangers et encouragent fortement les investisseurs à aviser le gouvernement au moins 45 jours avant la clôture d'une opération dans certaines circonstances.
Avec la mise à jour des lignes directrices, les investisseurs susceptibles d'être perçus comme une menace pour la sécurité nationale (surtout les entreprises d'État) seront davantage forcés de se rendre compte qu'ils doivent signifier leur intention d'effectuer un investissement. En outre, les lignes directrices multiplient les circonstances dans lesquelles beaucoup d'investisseurs (habituellement non perçus comme une menace pour la sécurité nationale) sont maintenant fortement encouragés à signifier également leur intention de conclure une opération, clôture qu'ils devront possiblement reporter pour ce faire. Toutefois, ces lignes directrices mises à jour ne reconnaissent pas directement ce qui constitue le plus important facteur de risque potentiel pour la sécurité nationale depuis longtemps : un lien entre un investisseur et un pays perçu comme étant non démocratique.
Consultez les lignes directrices mises à jour ici, et l'annonce du ministre, ici.
Voici ce que les lignes directrices mises à jour mettent de l'avant :
Les lignes directrices originales, publiées en décembre 2016, portaient presque exclusivement sur les caractéristiques de l'entreprise canadienne cible, et non pas sur celles de l'investisseur. Par conséquent, plusieurs catégories d'investisseurs (des sociétés ouvertes et des fonds de capital d'investissement américains et européens) se demandaient s'ils devaient aborder les lignes directrices de la même manière que d'autres catégories d'investisseurs (comme les entreprises d'État détenues par des pays perçus comme étant non démocratiques), particulièrement dans les nombreuses situations où l'entreprise canadienne cible s'inscrit de justesse et avec réserve dans une catégorie pour laquelle un avis doit être déposé 45 jours avant la clôture d'une opération, ce qui signifie souvent le report de la clôture.
D'après nos observations et notre expérience, pour déterminer si un investissement donné est susceptible d'être considéré comme un risque potentiel pour la sécurité nationale, le plus important facteur, et de loin, est un lien entre l'investisseur et un pays perçu comme étant non démocratique. Fait à noter, des examens relatifs à la sécurité nationale qui ont été menés entre le moment où la Loi sur Investissement Canada a commencé à conférer ce pouvoir et le 31 mars 2019 (période la plus récente pour laquelle des données sont disponibles) ont porté, dans une majorité importante (17 sur 22), sur des investisseurs ultimement contrôlés dans des pays perçus comme étant non démocratiques. Pour plus de renseignements à ce sujet, consultez le plus récent rapport annuel de la Division de l'examen des investissements. Même si toute l'information n'est pas publiée, nous savons que parmi les cinq examens portant sur des investisseurs qui sont, en théorie, des investisseurs d'États démocratiques (Royaume-Uni, Suisse, Chypre, Singapour), certains ont déjà été liés ou sont soupçonnés d'avoir été liés à un pays perçu comme étant non démocratique, p. ex., par l'intermédiaire d'un actionnaire minoritaire important ou d'un actionnaire dont la citoyenneté pourrait avoir changé, et il est concevable qu'ils aient tous eu un tel lien.
Les lignes directrices mises à jour tendent à remédier à cet état de fait en ajoutant les dispositions mentionnées précédemment visant les investisseurs d'État, liés à un État ou influencé par l'État. Toutefois, elles ne précisent pas les pays perçus comme étant non démocratiques. Par exemple, rien n'indique, dans les lignes directrices mises à jour, qu'un fonds souverain appartenant à un pays membre de l'UE serait probablement considéré comme présentant un profil de risque différent de celui d'une entreprise d'État détenue par la Chine. Rien n'indique non plus, dans les lignes directrices mises à jour, que des investisseurs du secteur privé uniquement, n'ayant aucun lien avec un pays perçu comme étant non démocratique, seront généralement considérés comme ne présentant qu'un risque faible ou nul pour la sécurité nationale. Cela peut s'expliquer par des raisons diplomatiques et une volonté du gouvernement de préserver sa liberté d'action pour des situations vraisemblablement rares et imprévisibles où un investisseur du secteur privé n'ayant aucun lien avec un pays perçu comme étant non démocratique constituerait un risque pour la sécurité nationale. Cependant, avec cette approche, s'ils souhaitent respecter les lignes directrices, un grand nombre d'investisseurs non susceptibles d'être considérés comme un risque pour la sécurité nationale devront eux aussi déposer un avis 45 jours avant d'effectuer un investissement, ce dernier devant être possiblement reporté, par le fait même.
Pour en savoir davantage, jetez un coup d'œil à notre article sur les effets de l'examen relatif à la sécurité nationale en vertu de la Loi sur Investissement Canada (en anglais).
Si vous souhaitez obtenir de l'aide ou des conseils relatifs à la Loi sur Investissement Canada, aux lois canadiennes sur la concurrence et antitrust ou sur les examens en lien avec les investissements étrangers, veuillez joindre les auteurs, Ian Macdonald ou Elad Gafni.
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