Plus tôt dans l’année, le président Trump a annoncé sa décision d’imposer un droit d’importation de 25 % sur les produits en acier et en aluminium de toute provenance, suscitant à l’échelle mondiale de vives préoccupations chez les partenaires commerciaux des États-Unis. Cette mesure, que le gouvernement américain justifie par un besoin de protéger ses producteurs locaux et de remédier aux déséquilibres commerciaux, est officiellement entrée en vigueur le 12 mars 2025, comme prévu. Comme on s’y attendait, la réaction des parties concernées a été vive, surtout celle du Canada et de l’UE, qui ont riposté sans délai.

Produits visés

Les nouveaux tarifs douaniers américains s’appliquent à un vaste éventail de produits en acier et en aluminium, dont l’acier brut et transformé, les produits dérivés de l’acier (produits existants et nouveaux produits), de même qu’à divers produits en aluminium, notamment l’aluminium primaire et les dérivés de l’aluminium. Ces tarifs visent tant les importations directes que les produits transformés dans des zones franches.

Il existe toutefois certaines exemptions. Les produits en acier et en aluminium ayant été transformés dans un autre pays, mais provenant, à l’origine, d’acier fondu et coulé aux États-Unis ou d’aluminium fondu et coulé aux États-Unis ne sont pas assujettis aux droits de douane. Les exemptions s’appliquent principalement aux produits qui respectent les exigences liées au pays d’origine (c’est-à-dire les États-Unis) et qu’on a désigné comme bénéficiant d’un statut commercial spécial avant l’entrée en vigueur des tarifs.

Pour une liste complète des produits visés, consulter les lignes directrices récemment publiées par la U.S. Customs and Border Protection sur les importations d’acier et d’aluminium (en anglais seulement).

Réponse mondiale aux tarifs

Les nouveaux tarifs douaniers ont suscité des réactions immédiates partout dans le monde. L’Union européenne a annoncé son intention d’imposer des contre-tarifs totalisant environ 28 G$ sur une variété de produits d’exportations des États-Unis. Ces mesures entreront en vigueur en deux étapes; le 1er avril et le 13 avril.

« Les droits de douane sont des taxes. Ils sont mauvais pour les affaires et encore pires pour les consommateurs », a affirmé Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne dans une déclaration hier. « Personne n'a besoin de cela – ni dans l’Union européenne, ni aux États-Unis. »

La riposte du Canada a elle aussi été prompte : l’imposition de tarifs de 25 % sur une valeur de 29,8 G$ de produits importés des États-Unis, et ce, dès le 13 mars 2025. Cette mesure s’applique à un large éventail de produits, dont l’acier, l’aluminium, l’électronique grand public et les équipements sportifs.

Réitérant la position ferme du Canada, le premier ministre désigné Mark Carney a affirmé que le pays ne reculerait pas face aux politiques protectionnistes de son voisin du sud. « Je suis prêt à discuter avec le président Trump au moment opportun, pour autant que la souveraineté canadienne soit respectée et que nous collaborions à une approche commerciale commune et beaucoup plus inclusive », a-t-il déclaré aux journalistes durant la visite d’une usine sidérurgique à Hamilton.

Répercussions économiques

Sachant que les industries canadiennes de l’acier et de l’aluminium sont aussi vitales pour l’économie nationale que pour celle de l’Amérique du Nord, les analystes prévoient que les tarifs entraîneront des répercussions considérables. Le Canada est le plus important fournisseur étranger d’acier aux États-Unis; il en exporte environ 6 millions de tonnes métriques par an, soit 11 % des importations totales d’acier des États-Unis. En outre, près de 60 % de l’aluminium utilisé aux États-Unis provient du Canada, principalement du Québec. Toutes ces exportations alimentent des dizaines de milliers d’emplois au Canada, notamment en Ontario et au Québec, et génèrent des milliards de dollars d’activité économique.

Les marchés boursiers accusent eux aussi le coup. On s’attend à ce que les droits de douane entraînent une augmentation significative des coûts pour les entreprises américaines qui utilisent les métaux visés, notamment les constructeurs automobiles, les entreprises de construction et les fabricants de boissons qui utilisent des canettes.

Les prochaines étapes

C’est dans une situation très volatile que le Canada continuera de lutter contre les tarifs douaniers, sachant que le chef libéral Mark Carney et son nouveau cabinet seront assermentés demain à Rideau Hall. En ce qui concerne les relations avec la Maison-Blanche, on s’attend à une approche renouvelée : le ministre fédéral des Finances, Dominic Leblanc, et le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, rendront compte des rencontres auxquelles ils ont assisté à Washington D.C. en vue d’apaiser les tensions commerciales entre le Canada et les États-Unis. Entre-temps, les efforts diplomatiques se poursuivront de part et d’autre de la frontière, tandis que l’ambassadeur désigné Pete Hoekstra se présentera aujourd'hui devant un comité sénatorial pour son audience d’approbation.

Par ailleurs, le président Trump a annoncé que son gouvernement mettra en œuvre des tarifs douaniers réciproques. Dès le 2 avril, ceux-ci s’ajouteront aux tarifs qu’il menace déjà d’appliquer depuis un moment, soit des tarifs de 10 % sur les produits énergétiques du Canada, et de 25 % sur les produits d’autres pays qui imposent des droits de douane aux États-Unis.

En outre, les tarifs réciproques seraient un moyen de lutter contre ce que les États-Unis qualifient de « pratiques commerciales déloyales », comme la taxe sur les services numériques ou d’autres mesures semblables imposées par le Canada. L’administration Trump appliquera possiblement des droits supplémentaires aux tarifs actuels sur les produits canadiens provenant de pays non-ACEUM (imposés par les États-Unis au Canada le 4 mars) ainsi que sur l’acier et l’aluminium. Dans tous les cas, il est à prévoir que les efforts déployés par les autorités canadiennes pour calmer le jeu seront au centre de l’actualité dans les jours et semaines à venir.

Pour connaître l’incidence de ces changements sur votre organisation, n’hésitez pas à communiquer avec les auteurs de cet article. Les équipes Commerce international et douanes et Affaires gouvernementales de Gowling WLG continuent de suivre les développements de près et sont bien positionnées pour vous accompagner dans les étapes à venir.